samedi 23 février 2008

Retour

L'appartement de S au parquet doré face à la seine grise ou caca d'oie, lente ou vive. Ses façons altières qui m'inpressionnent et me soufflent. Comme j'étais venue timide à ce premier rendez-vous! Comme j'étais corrompue au terme de notre histoire!
Je peux l'écrire ici, je n'ai plus retrouvé d'amant qui me fasse le même effet. Parfois, je regrette de ne pas avoir accepté d'être sa chose, disponible à discrètion dans le petit studio qu'il envisagea pour moi à un moment.
Il me reste à me souvenir : la jambe courte et grasse dorée de bas que je tends à ses lèvres. Le pied court et trop large à mon goût qu'il renifle et remonte langue et dents, enfin lèvres puis bouche. La perle rubis, celle que lui-même a glissé au terme de notre première rencontre à mon petit orteil gauche, que je conserve avec moult feintes à l'intention de mon entourage.
Les matins où je dois le voir, avec quelle anticipation du plaisir à venir, je peins soigneusement de rouge mes ongles auparavant sarclés et polis et taillés !
Dans une petite boutique du Marais, tenue par deux asiatiques, l'une plus vieille que l'autre, j'ai acheté des toes rings incrustées à une forme de pied en mousse bleue. Je me rappelle le rire des deux femmes quand je le leur présente et leurs mots de l'une à l'autre, incompréhensibles pour moi. Je m'en moquais, suis passé outre, à la pensée de ce que j'en ferais, de l'accueil de S.
Je me rappelle mes pieds sur son sexe, mes pieds caressant son sexe, le faisant grandir. Sa main à mes chevilles aidant à la caresse, en dirigeant le rythme. Une fois, il m'avait plaquée contre la vaste baie donnant sur la seine et le sable et les grues pour me pétrir les fesses, "ton cul" comme il disait, "ton gros cul de tapette que je veux plus gros encore" comme il éructait en enfonçant les doigts.
Aujourd'hui que j'ai connu cela et d'autres faits encore, je ne ressens qu'ironie profonde pour moi et l'humanité que je croise, les hommes surtout. Je sais de quoi je suis capable, de ce qu'ils sont capables de commettre sous le fouet du désir. Et si certains me dédaignent ouvertement, d'autres rêvent de me coucher sous leur sexe.

Pas à pas

Lors de l'une de ces soirées en boîte, tout simplement, au milieu des corps remuant sur la piste de danse plus ou moins improvisée, espace balisé de glaces où se voir tout en tournant, un homme m'a approchée. Il faut dire que P par son désir précis du garçon en moi me frustrait essentiellement. Et d'ailleurs je trouvais des excuses, le plus souvent, pour ne pas le voir.
Donc, je me sentais libre de ce côté-là. Et, dans ma vie quotidienne, je m'autorisais des libertés facilitées, il est vrai, par l'indifférence croissante de mes proches.
L'homme présentait bien : cheveux argentés, belle gueule fripée, des yeux bleus, glaciaux. Son regard sans chaleur m'effraya, mais d'un autre côté j'aimais être menée, je ne savais pas jusqu'à quel point, mais je recherchais ça. Aussi, j'ai accepté de venir à sa table.
Nous avons parlé. Lui surtout. Je suivais le mouvement de ses lèvres tandis qu'il parlait, aimai d'emblée leur teinte vinassée, leur dessin net. Il parlait et j'acquiesçais, obsédée par ma silhouette, la facilité avec laquelle j'étais femme. Enfin, il s'est approché et m'a baisé doucement ma bouche. Et je n'ai plus pensé